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10.4.3 Technique de neuromodulation : implantation de dispositifs d’infusion intra-thécale de Baclofène
Romain DAVID & Djamel BENSMAIL

Questionnaire à choix multiples
1) Le baclofène intrathécal agit principalement en :
A) Bloquant les récepteurs NMDA au niveau des motoneurones alpha
B) Inhibant les récepteurs GABA-B au niveau des synapses spinales
C) Activant les récepteurs GABA-B pour réduire l’excitabilité des motoneurones
D) Augmentant l’activité des interneurones excitateurs dans la moelle
E) Réduisant directement la conduction nerveuse dans les fibres motrices
2) Lequel des critères suivants est nécessaire avant l’implantation d’une pompe à baclofène ?
A) Une épreuve thérapeutique positive avec une injection unique de baclofène intrathécal
B) Une IRM lombaire démontrant l’intégrité de l’espace sous-arachnoïdien
C) L’absence de comorbidités psychiatriques majeures
D) Une spasticité résistante aux traitements oraux à base de baclofène et de tizanidine
E) Une spasticité d’origine exclusivement périphérique
3) Concernant l’ajustement des doses de baclofène intrathécal :
A) Il est réalisé uniquement par une augmentation progressive quotidienne automatique par la pompe
B) Les doses sont ajustées en fonction de la réponse clinique, en prenant en compte la réduction de la spasticité et les effets secondaires
C) La dose initiale standard est de 500 µg/j, quel que soit le patient
D) Une dose excessive peut entraîner une dépression respiratoire et une sédation profonde
E) Le réglage des doses est fait uniquement au bloc opératoire après implantation
La spasticité est définie comme un trouble du contrôle sensoriel et moteur résultant d’une lésion du motoneurone supérieur, se manifestant par une activation involontaire intermittente ou continue des muscles. Cette définition, proposée par Lance et collaborateurs en 1980, reste une référence. La spasticité a un impact majeur sur la qualité de vie, en particulier lorsqu’elle est généralisée. Une étude de Barnes et collaborateurs (2017), portant sur 281 patients spastiques de divers niveaux de sévérité, souligne les conséquences significatives de la spasticité, notamment une perte d’indépendance, des troubles de l’humeur, des douleurs, et une réduction marquée de l’autonomie dans les activités quotidiennes. La classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) permet d’analyser ces conséquences à travers les déficiences, les limitations d’activité et les restrictions de participation, tout en prenant en compte les facteurs environnementaux et personnels.
La pompe à Baclofène comme traitement de la spasticité généralisée
La pompe à Baclofène constitue une option thérapeutique de deuxième ligne pour la spasticité généralisée réversible, après échec d’un traitement oral à dose maximale (90 mg/jour). Avant l’implantation, il est crucial de définir des objectifs thérapeutiques spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis (SMART). L’échelle GAS (Goal Attainment Scaling) est un outil adapté pour évaluer ces objectifs. Un test intrathécal pré-implantation, réalisé par une ponction lombaire avec injection de Baclofène, permet d’évaluer les bénéfices potentiels et les effets indésirables, tels que la perte des capacités de transfert ou de marche.
Un consensus européen publié par Sorensen et collaborateurs en 2021 propose un algorithme décisionnel intégrant la pompe à Baclofène dans la prise en charge de la spasticité. Ce traitement modulable et réversible offre des améliorations fonctionnelles, une meilleure qualité de vie et une autonomie accrue dans les activités quotidiennes. La sélection des patients repose sur une évaluation clinique rigoureuse et des objectifs partagés avec le patient, ses aidants et l’équipe pluridisciplinaire.
Procédure d’implantation
La technique chirurgicale consiste à implanter un cathéter intrathécal connecté à un diffuseur sous-cutané situé au niveau du flanc du patient. Le site d’implantation est choisi en fonction des préférences du patient et des contraintes liées à l’utilisation d’un fauteuil roulant ou à la présence d’une sonde de gastrostomie ou d’une urétérostomie de type Bricker. L’implantation est réalisée en l’absence d’infection active et après une cicatrisation contrôlée des escarres. Une hospitalisation de quelques jours est nécessaire pour surveiller la cicatrice. Le premier remplissage de la pompe utilise une solution de Baclofène à 0,5 µg/ml, avec un réservoir de 20 ou 40 cc selon la pompe. Les risques opératoires incluent les complications infectieuses, les problèmes anesthésiques et les fuites de LCR dues à une mauvaise étanchéité des cathéters. La pompe a une durée de vie moyenne de 5 à 6 ans.
Innovations et perspectives
Les avancées technologiques, telles que les modélisations in silico de la mécanique des fluides, améliorent la précision de la distribution du Baclofène. Par ailleurs, la pompe permet d’administrer d’autres molécules intrathécales à visée antalgique, comme le Ziconotide, la Bupivacaïne ou la morphine. Les mélanges sont adaptés en fonction des besoins du patient grâce à des logiciels spécifiques, en particulier dans les cas de douleurs chroniques réfractaires associées à la spasticité.
Collaboration multidisciplinaire
La mise en place et le suivi de cette thérapeutique reposent sur une collaboration étroite entre les médecins en Médecine Physique et de Réadaptation (MPR) et les neurochirurgiens. Ce travail d’équipe multidisciplinaire garantit une prise en charge optimale et adaptée aux besoins de chaque patient.
Réponses
1) C. Activant les récepteurs GABA-B pour réduire l’excitabilité des motoneurones
2) A. Une épreuve thérapeutique positive avec une injection unique de baclofène intrathécal
3) B. Les doses sont ajustées en fonction de la réponse clinique, en prenant en compte la réduction de la spasticité et les effets secondaires
Références
1. Lance, J.W. (1980) Pathophysiology of Spasticity and Clinical Experience with Baclofen. In : Lance, J.W., Feldman, R.G., Young, R.R. and Koella, W.P., Eds., Spasticity : Disordered Motor Control, Year Book, Chicago, 185-204.
2. Biering-Soerensen B, Stevenson V, Bensmail D, Grabljevec K, Martínez Moreno M, Pucks-Faes E, Wissel J, Zampolini M. European expert consensus on improving patient selection for the management of disabling spasticity with intrathecal baclofen and/or botulinum toxin type A. J Rehabil Med. 2022 Jan 3 ;54:jrm00241. doi : 10.2340/16501977-2877. PMID : 34608495 ; PMCID : PMC8862646.
3. Barnes M, Kocer S, Murie Fernandez M, Balcaitiene J, Fheodoroff K. An international survey of patients living with spasticity. Disabil Rehabil. juill 2017 ;39(14):1428 34.
4. Gracies JM. Pathophysiology of spastic paresis. II : Emergence of muscle overactivity. Muscle Nerve. 2005 May ;31(5):552-71. doi : 10.1002/mus.20285. PMID : 15714511.
Documents joints
Pompe de Baclofène
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